Penchons-nous d'abord sur l'anatomie des cellules et voyons pourquoi elles sont affectées par les variations de température.
La proportion totale de fluide corporel d'un adulte en santé se situe autour de 60 %. C'est beaucoup! Cette quantité de liquide nous rend plus sensibles aux fluctuations des températures extérieures. Supposons que vous placez un cube de glace en plein soleil et que la température grimpe, les molécules d'eau vont graduellement changer d'état et éventuellement entrer dans l'atmosphère sous forme de vapeur d'eau.
On assiste au même processus dans le cas de la transpiration, qui évacue la chaleur du corps par évaporation. Si vous placez de la vapeur d'eau dans le congélateur, vous obtiendrez la réaction inverse pour éventuellement obtenir un produit solide. Tout ce liquide protège les organelles de la cellule, ce qui leur permet d'accomplir leurs fonctions respectives.
Quel est le risque que les cellules près de la surface de la peau commencent à geler?
La manifestation la plus évidente de l'effet du froid est l'engelure, qui peut s'intensifier en gelure superficielle ou profonde, jusqu'à nécessiter dans les cas extrêmes l'amputation des tissus affectés.
- Engelure. Cette gelure légère, la plus fréquente, provoque une sensation de fourmillement, d'engourdissement et de douleur. Elle peut se produire par exemple lorsque vous retirez vos gants pour essayer de taper un texto et que vos doigts deviennent de plus en plus gourds.
- Gelure superficielle. La peau prend une apparence tachetée en même temps qu'elle passe au blanc bleuté; elle devient également rigide au toucher. Cela s'explique par le fait que les fluides à l'intérieur des cellules commencent à geler.
- Gelure profonde. La peau noircit à mesure que les cellules meurent; c'est ce qu'on appelle l'état de nécrose. Les tissus ont gelé jusqu'au niveau des vaisseaux sanguins, des nerfs et des os, entraînant des dommages irréversibles. Les tissus perdent définitivement leur fonctionnalité et il s'agit alors d'une urgence médicale nécessitant une intervention immédiate.
Qu'arrive-t-il si le temps froid commence à affecter notre température corporelle?
La plupart du temps, la température du corps tourne autour de 37 beaux degrés Celsius. À cette température, tous les processus cellulaires et les réactions biochimiques se déroulent parfaitement. Lorsque la température corporelle monte ou descend, ces mécanismes ne fonctionnent plus aussi bien. On peut trouver des exemples comparables dans la vie de tous les jours. Prenons le cas d'une voiture dotée d'un moteur à combustion. Par temps froid, les fluides dans les différents conduits du véhicule épaississent et provoquent plus de friction. Lorsque vous mettrez le moteur en marche, il prendra probablement plus de temps à atteindre son niveau de performance maximal.
Si votre température corporelle descend à 35 °C environ, vous entrez dans un état d'hypothermie légère, caractérisé par d'importants frissons et des difficultés à vous maîtriser. Advenant que la température poursuive sa chute pour passer sous les 32,2 °C, on parle alors d'hypothermie modérée. La personne peut frissonner faiblement, de manière intermittente, devenir confuse, manquer de coordination ou éprouver des problèmes d'élocution.
Lorsque la température tombe sous la barre des 28 °C, le corps est en hypothermie sévère et présente les signes suivants : absence de frissons, raideur corporelle et possiblement absence totale de pouls en raison du ralentissement cardiaque qui réduit la circulation sanguine.
Sur quels aspects du mode de vie peut-on agir?
- C'est une question de gros bon sens : on peut toujours enlever des couches de vêtements si on a trop chaud, mais on ne peut pas les faire apparaître si on a froid. Lorsque le mercure se met à descendre, l'usine à chaleur qu'est le corps humain crée ce qu'on appelle une « couche limite ». Il s'agit d'une mince couche de chaleur isolante qui entoure le corps en raison de petits courants de convection créés lorsque la chaleur quitte la surface de la peau, interagit avec les températures plus fraîches et retombe à la surface. Le vent a pour effet de balayer la couche limite; c'est pourquoi les bulletins météo présentent à la fois les températures enregistrées et les températures ressenties à cause de ce refroidissement éolien.
- Méfiez-vous de l'alcool, qui peut affecter la capacité de percevoir correctement la température ambiante, avec les effets désastreux qu'on peut imaginer dans les conditions décrites plus haut. L'alcool dilate les vaisseaux sanguins, faisant en sorte que le sang se rend moins bien jusqu'aux extrémités; celles-ci risquent davantage de subir l'influence des températures extérieures. Sans parler des répercussions négatives sur le plan cognitif; en effet, l'alcool a la fâcheuse tendance à faire taire la petite voix qui, normalement, commanderait de porter un manteau pour rentrer à pied à la maison par une soirée glaciale.
- Activez votre circulation sanguine. Plusieurs remèdes peuvent stimuler la circulation, dont certaines plantes médicinales comme le Ginkgo biloba. Ce sont les éléments actifs de la plante, les ginkgolides, qui lui procurent la capacité de dilater les vaisseaux sanguins. Ces composés semblent avoir une affinité particulière pour le système cérébrovasculaire, qui joue un rôle central pour le maintien de la chaleur corporelle en favorisant le débit sanguin. Certains produits, comme Ginkgo, contiennent un extrait de feuille fraîche de la plante et fournissent une solution toute simple pour activer la circulation. La vasoconstriction est également associée au développement de gelures, car le sang circule trop lentement pour maintenir la température des tissus. Le fait de dilater les vaisseaux sanguins peut aider à conserver la chaleur.
- Bougez. Il a été démontré que l'exercice induit une réaction thermique dans les extrémités, gardant ainsi les cellules réchauffées et bien irriguées.
Références:
https://www.ema.europa.eu
https://www.lboro.ac.uk
https://www.merckmanuals.com
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2278351/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17213886
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19319561
www.nrcan.gc.ca/files/
https://www.sfu.ca/~mbahrami