Que ce soit entre mère et fille, entre étudiantes en résidence ou entre conjointes lesbiennes, le phénomène fait jaser et s’affiche même en manchette dans les revues scientifiques.
Qu’est-ce que c’est au juste?
Le phénomène du dortoir, c’est quand les cycles menstruels de femmes vivants proches (comme justement dans un dortoir, une même maison ou un bunker militaire) s’ajustent durant quelques mois, pour finir par se synchroniser.
Réalité ou fiction?
La première recherche à ce sujet a été publiée en 1971 par Martha McClintock, étudiante au doctorat en psychologie à Harvard, qui avait observé le phénomène dans les dortoirs de l’université. Son étude, publiée dans la revue Nature, a été suivie par plusieurs autres, dans diverses situations et avec des résultats très variés. Certaines démontrent la synchronisation alors que d’autres concluent tout à fait l’inverse.
Mme McClintock avait émis l’hypothèse que ce phénomène s’expliquerait par la sécrétion de phéromone, signal hormonal capté par l’odorat. Plusieurs études ont tenté de vérifier l’hypothèse, sans succès.
Le phénomène de synchronisation était autrefois observé chez les cueilleuses de houblon, en Belgique. En effet, leurs règles se déclenchaient inopinément dès le début de la récolte, peu importe leur cycle normal. Si cet effet légendaire se faisait alors appeler le « démon du houblon », on sait aujourd’hui que la molécule hopéine (ou 8-prénylnaringénine si vous préférez) est un phyto-estrogène, qui peut imiter l’action des estrogènes naturels. La cueillette mécanique a depuis belle lurette exorcisé le démon du houblon.
Avec un effet aussi puissant, on pourrait croire que la quantité de bière fabriquée à partir de houblon et consommée par les étudiantes expliquerait l’effet dortoir. Mais il s’avère que la quantité d’hopéine présente dans la bière est 400 fois trop petite pour avoir un quelconque effet estrogénique sur la santé.
En fait....
Une certaine synchronisation s’expliquerait plutôt par le fait que les femmes ont chacune « leur » cycle, d’une durée variable et à intervalle plus ou moins régulier. Un cycle « normal » dure de 21 à 35 jours et les saignements s’écoulent en moyenne de 5 à 7 jours.
Il serait donc étonnant qu’il n’y ait pas certaines périodes durant lesquelles les menstruations de femmes vivant ensembles, coïncident. De plus, le fait que beaucoup de femmes aient un cycle irrégulier et imprévisible rend ce phénomène dortoir encore moins probable. Ce genre d’irrégularité peut être rectifiée par une autre plante, le vitex, avec laquelle on ne produit ni bière, ni vin.
À bien y penser, on se réjouira que les SPM de nos amies et collègues ne soient pas synchronisés avec les nôtres!
Références:
http://blogs.webmd.com/womens-health/2010/10/do-womens-cycles-sync-up.html
http://www.ahcmedia.com/articles/120078-hops-and-women-8217-s-health