Qu'est-ce que la goutte?
La goutte est un syndrome arthritique qui se caractérise par l'inflammation des articulations. Cette inflammation est causée par une accumulation de cristaux d'urate monosodique qui se forment lorsque la concentration d'acide urique augmente dans le sang.
Pourquoi développe-t-on la goutte?
Cette hausse de l'acide urique peut provenir de deux dysfonctionnements – une production excessive ou une élimination insuffisante. Imaginez une chaîne de montage dans une usine : si les travailleurs sont extraordinairement efficaces, l'entreprise risque de se retrouver avec un surplus de produits... et l'entrepôt commencera à déborder. Le même problème risque de se poser si, à l'inverse, les produits ne sont pas expédiés assez rapidement. Là encore, l'espace d'entreposage ne tardera pas à manquer.
À quel moment les crises se produisent-elles habituellement?
Étonnamment, les crises de goutte sont plus susceptibles de survenir durant la nuit. Selon une étude menée par le Massachusetts General Hospital pendant une année auprès de 700 patients atteints de la goutte, la plupart de sexe masculin, plus de 700 crises sur 1500 se sont produites entre minuit et 8 heures le matin. On en a relevé un moins grand nombre entre le matin et le début de l'après-midi, mais un peu plus vers le soir; c'est durant la nuit que les crises ont été les plus fréquentes.
Quels facteurs influencent mon risque de souffrir de la goutte?
La goutte est la cause la plus fréquente de maladie articulaire inflammatoire chez les hommes âgés de 40 ans et plus. Bien que les femmes ne soient pas à l'abri, les hommes ont particulièrement intérêt à surveiller les facteurs de risque et les signes de goutte décrits ici.
- Il existe un lien non négligeable entre le poids et la goutte : les personnes obèses ont davantage tendance à développer la maladie, et chez les sujets qui en souffrent, un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé fait presque tripler le risque de crises. De légers changements peuvent toutefois faire une grande différence. En effet, une diminution ou une augmentation d'environ 5 % de l'IMC de référence d'une personne peut se traduire par une diminution de 40 % ou une augmentation de 60 % de son risque de goutte, respectivement.
- La consommation d'alcool est l'un des plus importants déclencheurs des crises de goutte. Cette association est même mathématique : le risque est proportionnel à la quantité d'alcool consommée. Aux fins de l'exercice, définissons ce qu'est un « verre » standard : une bouteille ou une canette de bière de 12 onces, un verre de vin de 5 onces ou 1 à 1,5 once de spiritueux. À titre d'exemple, une consommation modérée (2 verres/jour pour les hommes, 1 pour les femmes) a été associée à une augmentation de 41 % du risque de crises de goutte récurrentes. La faute incombe au fractionnement de l'éthanol, qui accélère la dégradation de certaines molécules en précurseurs de l'acide urique, c'est-à-dire des substances prêtes à se transformer en acide urique.
- La pression sanguine élevée, ou hypertension, peut nécessiter un traitement au moyen de médicaments appelés diurétiques, dont le rôle est de faire circuler les fluides dans l'organisme. Le volume de fluides dans les vaisseaux sanguins étant réduit, la pression sanguine diminue du même coup. Mais ces médicaments ont aussi un effet pervers : ils engendrent la concentration de certaines substances dans les fluides corporels, notamment l'acide urique. Et lorsque cette substance est présente en quantités élevées, les probabilités d'avoir une crise de goutte augmentent. Ce problème se manifeste habituellement dans le cas de doses supérieures à 25 mg. Est-ce à dire que vous devriez cesser de prendre vos médicaments? Certainement pas avant d'en avoir discuté avec votre médecin traitant, afin de bien peser le pour et le contre de la prise de diurétiques en lien avec votre problème de goutte.
- La chimiothérapie utilise des agents cytotoxiques (destructeurs de cellules); or, certaines cellules, lorsqu'elles sont détruites, libèrent dans le plasma des purines qui sont transformées en acide urique. L'hyperuricémie d'origine médicamenteuse a tendance à se développer dans les 48 à 72 heures qui suivent le traitement et peut entraîner la mort dans 20 à 50 % des cas. Encore une fois, une discussion s'impose avec l'oncologue et le médecin traitant.
Si le problème est causé par une accumulation d'acide urique, ne peut-on pas faire quelque chose pour qu'il y en ait moins dans l'organisme?
- Un régime riche en purines contribue pour une grande part au développement de la goutte; un tel régime est habituellement composé d'aliments plus gras et plus lourds, par exemple les abats, les viandes, les fruits de mer, la levure, de même que les poissons comme les sardines, le maquereau, le hareng et les anchois. Il a été démontré que la consommation de purines pouvait presque quintupler le risque de crises de goutte récurrentes, par rapport au risque couru par une personne qui opterait pour des aliments pauvres en purines. Ces derniers incluent entre autres la dinde, la viande blanche de poulet, le fromage cottage, le yogourt et les œufs. Toujours au chapitre du régime alimentaire, le fructose (un sucre simple) augmente les concentrations d'acide urique en faisant diminuer la quantité de cet acide excrétée par l'organisme.
- Dans certains scénarios, l'exercice peut être bénéfique; la recherche indique toutefois que lorsqu'un entraînement fait transpirer abondamment mais que l'organisme n'est pas adéquatement réhydraté, les concentrations d'acide urique grimpent. Cela confirme l'importance de boire suffisamment et d'empêcher l'accumulation d'acide urique dans les articulations comme les orteils. À titre d'exemple, les participants à une étude qui buvaient quotidiennement plus de 1920 ml de liquide ont vu leur nombre de crises de goutte diminuer de 46 %.
- Les adeptes de la phytothérapie pourront se tourner vers l'ortie, aussi connue sous le nom d'Urtica dioica. Grâce à son action diurétique, cette plante bénéfique peut favoriser l'excrétion de divers métabolites, y compris l'acide urique.
Une autre étude a révélé qu'un extrait de la partie fleurie de la plante était très efficace contre l'inflammation, autant en fait que le célastrol, un médicament anti-inflammatoire. Toutefois, l'extrait analysé par les chercheurs comportait aussi un certain risque de dommage cellulaire. Il est donc important de discuter de l'utilisation de cette plante avec votre médecin traitant, en particulier si vous avez des problèmes de rein ou de vessie. La même précaution s'impose si vous êtes une femme et que vous songez à devenir enceinte, puisque l'ortie peut interférer avec le cycle menstruel.
Références:
https://ard.bmj.com/content/71/9/1448
https://www.aafp.org/afp/2015/1001/p622.html
https://academic.oup.com/rheumatology/article/56/5/679/2631573
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3529973/
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https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4360969/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5179319/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6125106/