À quoi tous ces changements sont-ils dus?
Bienvenue dans le merveilleux monde de la vie féminine, une expérience à plusieurs volets... dont un en particulier, auquel on peut difficilement échapper – le syndrome prémenstruel (SPM). Au Canada, l'âge des premières règles se situe pour la plupart des jeunes filles entre 11,53 et 13,91 ans. S'ensuit toute une série de changements physiques et émotionnels alors que le corps se transforme pour éventuellement atteindre son plein potentiel reproductif.
Quels sont les symptômes caractéristiques du syndrome prémenstruel?
Les symptômes du SPM sont nombreux et varient d'une femme à l'autre. En voici quelques-uns : ballonnement abdominal, crampes, constipation, diarrhée, modifications de la libido, sautes d'humeur, nervosité, rages alimentaires (en particulier pour des produits sucrés), rétention d'eau, fatigue, irritabilité, acné, etc.
Pourquoi a-t-on des sautes d'humeur durant cette période de transition?
Comme c'est souvent le cas, il n'y a pas de cause unique. L'humeur changeante est le résultat d'une combinaison de facteurs, dont les modifications au niveau du sommeil et de la circulation sanguine.
Qui ne connaît pas, à un moment ou un autre, des nuits blanches où tout conspire à vous garder en éveil, que ce soit les enfants qui viennent vous rejoindre dans votre lit, le chien qui se lamente pour aller dehors ou les pensées qui tournent en boucle dans votre tête. Les sautes d'humeur qui surviennent dans les jours précédant les menstruations peuvent aussi ruiner vos nuits de sommeil.
Cela a bien sûr des répercussions sur le bien-être mental et physique – le vôtre il va sans dire, mais aussi celui de la personne qui partage votre lit. Une étude a démontré que l'œstrogénothérapie substitutive améliorait la qualité du sommeil et réduisait le nombre de fois où les participantes se levaient la nuit ainsi que leur sensation de fatigue le lendemain matin. En plus de mieux dormir, ces femmes ont aussi observé une diminution de leurs symptômes vasomoteurs, de leurs problèmes d'humeur et de leurs douleurs musculaires.
L'œstrogène, responsable de la régulation et du développement du système reproducteur féminin, joue aussi un rôle important pour l'irrigation sanguine du cerveau. Cette hormone facilite en effet la libération du monoxyde d'azote, un vasodilatateur, dans les vaisseaux sanguins du système nerveux.
L'œstrogène a aussi des effets neuroprotecteurs, car il agit sur certains récepteurs pour stimuler la formation de nouveaux vaisseaux sanguins cérébraux, au besoin, et peut exercer une action antioxydante directe. En présence de fluctuations des niveaux d'œstrogène, la circulation sanguine dans le cerveau varie elle aussi et peut contribuer au déclenchement de sautes d'humeur.
Y a-t-il des facteurs de risque que je devrais connaître?
- Obésité – le fait d'être en surpoids modifie les voies de signalisation et le métabolisme des hormones. Les femmes obèses présentent des taux réduits de la globuline spécifique, qui lie les hormones sexuelles et se charge de mettre hors jeu l'œstradiol libre, biologiquement actif. Cela perturbe le système de rétroaction négative de l'œstrogène et entraîne une diminution des niveaux de gonadotrophines, de FSH et de LH. L'obésité est aussi associée à une plus grande incidence de troubles de l'humeur, de dépression et d'anxiété; selon une étude, ce risque serait 25 % plus élevé.
- Tabagisme – à la liste déjà longue des problèmes liés au tabagisme s'ajoute celui du déséquilibre hormonal. On observe chez les fumeuses de plus hauts taux d'infertilité et des cycles menstruels plus difficiles; ces femmes risquent davantage d'éprouver des symptômes de SPM modérés à sévères. Si on combine les états émotionnels imprévisibles résultant d'un sevrage de la nicotine aux fluctuations de l'humeur provoquées par la baisse de l'œstrogène, toutes les conditions sont réunies pour créer... la tempête parfaite. Il a par ailleurs été établi que le tabagisme a un effet sur les métabolites stéroïdiens, les gros fumeurs pouvant afficher des taux de 25 à 35 % plus élevés comparativement aux non-fumeurs. Ces métabolites peuvent également altérer la fonction endocrinienne chez les femmes durant la période prémenstruelle.
- Ethnie – des études démontrent que ce sont les femmes d'Asie orientale qui présentent le risque le plus faible de crampes prémenstruelles et autres symptômes associés, tandis que les Afro-Américaines sont les plus susceptibles d'avoir de tels symptômes.
Que puis-je faire pour retrouver un peu de stabilité?
La pratique quotidienne du yoga s'est avérée très bénéfique lors de deux études, l'une d'une durée de 3 mois et l'autre, de 8 semaines. Les participantes qui faisaient du yoga ont constaté une amélioration notable au niveau des symptômes, du stress et des variations de l'humeur. Cet exercice aérobique a ceci d'intéressant qu'il s'adapte aux personnes moins mobiles ou à risque de problèmes musculosquelettiques.
Il a également été démontré que les carences nutritionnelles ont un impact important sur les symptômes de SPM. Les hormones ovariennes peuvent en effet influencer les quantités de minéraux comme le calcium et le magnésium, et même les taux de vitamine D. L'analyse des globules rouges chez des femmes souffrant du SPM a montré une baisse du magnésium, un facteur contribuant à la fatigue, à l'irritabilité et à la confusion mentale. Des essais à plus petite échelle ont aussi prouvé que le magnésium pouvait atténuer le ballonnement de même que les symptômes liés à l'humeur. D'autres études se sont penchées sur la prise de suppléments de calcium et de ses effets bénéfiques pour l'humeur au cours de la phase lutéale du cycle menstruel.
Finalement, la phytothérapie peut aussi apporter un soulagement. La plante la plus couramment utilisée pour traiter les symptômes de SPM est le gattilier (Vitex agnus-castus). Son usage remonte aussi loin qu'à l'époque du médecin grec Disoscoride, soit entre l'an 50 et l'an 70 de notre ère. Lors d'un essai clinique comparatif randomisé de grande qualité, 170 sujets ont reçu soit un placebo, soit les fruits du gattilier. Chez les personnes faisant partie du groupe traité au moyen de la plante, on a enregistré une réduction de 52% des symptômes, par rapport à 24 % chez celles ayant reçu le placebo.
D'autres études ont produit des résultats similaires. Si on ne peut tirer de conclusion quant au placebo, il n'est pas anecdotique de constater que parmi les femmes pensant recevoir un produit actif, certaines ont quand même signalé une réduction de leurs symptômes. Cela illustre bien le pouvoir de la pensée sur le corps et pourrait expliquer les effets positifs d'une autre plante, la passiflore (Passiflora incarnata), qui possède de formidables propriétés et qui peut aussi aider à calmer les sautes d'humeur dues aux fluctuations de l'œstrogène. Avant de prendre tout nouveau supplément ou produit naturel, veillez toutefois à en discuter avec votre médecin traitant afin de déterminer ce qui est le mieux pour vous.
Références:
https://bmcpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/1471-2458-10-736
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https://www.physiology.org/doi/full/10.1152/japplphysiol.01095.2005