Une étude déterminante publiée en 2017 a amené l'Institut national de la santé du Royaume-Uni à mettre à jour ses lignes directrices relativement au mal de dos.
Ce qui a changé?
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ne devraient plus être considérés comme l'unique traitement du mal de dos. Considérant que seulement 1 patient sur 6 prenant des AINS oraux (comme le paracétamol) constate une réduction de la douleur, et que ceux qui les prennent sont deux fois plus susceptibles de souffrir de nausées, de vomissements et d'ulcères d'estomac comparativement au placebo... cette solution ne faisait tout simplement plus le poids.[1,2]
Les auteurs l'expriment de manière encore plus saisissante :
« ... la différence entre les résultats du groupe d'intervention et ceux du groupe témoin n'est pas significative sur le plan clinique. À l'heure actuelle, il n'existe pas d'analgésiques simples ayant des effets cliniquement importants pour les douleurs de la colonne vertébrale, comparativement à un placebo... »
La douleur peut être handicapante, et il est important de la traiter lorsqu'elle se manifeste. Trop souvent, les gens essaient d'endurer la douleur et de l'ignorer, mais cela ne fait qu'aggraver les choses à long terme. Il existe de nombreuses options de traitement pour les différents types de douleur, et il est important de trouver celle qui vous convient le mieux. Si vous ne savez pas par où commencer, parlez à un professionnel de la santé des différentes possibilités afin de trouver ce qui vous convient le mieux.
Quels sont les différents types de douleur?
La douleur peut prendre de multiples formes, certaines plus fréquentes que d'autres.
- La douleur neuropathique, par exemple, est un type de douleur résultant d'une lésion ou d'un dysfonctionnement des nerfs. Elle peut être très difficile à traiter et nécessite souvent une combinaison de thérapies.
- La douleur nociceptive est le type de douleur le plus courant. Elle est causée par l'activation des nocicepteurs, des terminaisons nerveuses spécialisées qui répondent à des stimuli potentiellement dangereux. La douleur nociceptive peut être aiguë ou chronique; on la décrit généralement comme une sensation d'élancement, de pulsation ou de brûlure.
- La douleur radiculaire est un type de douleur qui peut avoir plusieurs causes, notamment la compression des nerfs ou de la moelle épinière et les hernies discales. Elle se caractérise généralement par une douleur irradiante qui s'étend le long des bras ou des jambes. Bien qu'elle soit plus diffuse que les autres formes de douleur, il ne faut pas se leurrer : la douleur radiculaire peut s'avérer très dérangeante.
Ce qu'il faut absolument retenir au sujet de la douleur, c'est qu'elle est très spécifique à chacun. Ce qui fonctionne pour une personne peut ne pas être efficace pour une autre. Il est donc important de collaborer avec votre équipe soignante afin de trouver des solutions adaptées à votre situation.
Qu'est-ce que la douleur chronique et quels sont les symptômes?
Vous aurez sans doute deviné que la gestion de la douleur est la branche de la médecine qui s'occupe de soulager la douleur. Elle englobe une série de techniques et de traitements différents, allant des médicaments à la chirurgie. L'objectif principal est d'aider les patients à gérer leur douleur afin qu'ils puissent mener une vie aussi épanouissante et productive que possible.
On définit habituellement la douleur chronique par sa durée, c'est-à-dire plus de 12 semaines. Elle peut être attribuable à différents facteurs, comme des blessures ou des maladies. Parmi les sources de douleur chronique les plus courantes, il y a les migraines, l'arthrite, l'endométriose, la sclérose en plaques et la fibromyalgie. La douleur chronique peut être extrêmement débilitante et rendre les activités quotidiennes très difficiles à accomplir.
Quelles sont les approches traditionnelles de la gestion de la douleur?
La douleur peut être traitée de bien des manières; la pharmacothérapie est une approche courante. Il existe de nombreux types de médicaments pour aider à contrôler la douleur, offerts en vente libre ou sur ordonnance. Certaines personnes optent également pour des thérapies intégratives et complémentaires, comme l'acupuncture ou le massage, pour mieux gérer leur douleur.
Il existe toute une variété de médicaments contre la douleur. Le type de médicament qui vous convient le mieux dépend de l'intensité de votre douleur, des autres problèmes médicaux dont vous souffrez et de vos préférences personnelles.
Parmi les analgésiques courants, on trouve des médicaments en vente libre comme l'ibuprofène et l'acétaminophène, ainsi que des médicaments sur ordonnance comme les opioïdes et les antidépresseurs.
- L'ibuprofène est un anti-inflammatoire non stéroïdien utilisé pour traiter toutes sortes de symptômes, notamment la douleur, la fièvre et l'inflammation. Il agit en bloquant l'action d'une enzyme spécifique, la cyclo-oxygénase, qui intervient dans la production des prostaglandines. En empêchant ainsi directement la production de prostaglandines, l'ibuprofène peut aider à réduire la douleur et l'inflammation.
- L'acétaminophène (paracétamol) est un médicament utilisé pour traiter la douleur et la fièvre. Il agit en rehaussant le seuil de tolérance de l'organisme à la douleur; autrement dit, la douleur doit être plus intense pour entraîner un inconfort. L'acétaminophène est disponible en vente libre sous forme de médicaments avec ou sans ordonnance. Si vous vous souvenez, nous avons mentionné en introduction qu'il est inefficace pour le mal de dos et n'est donc plus recommandé pour cet usage.
- Les opioïdes sont un type de médicament utilisé pour traiter les douleurs d'intensité modérée à sévère. Ils agissent en se liant aux récepteurs opioïdes de l'organisme, qui se trouvent dans le cerveau et la moelle épinière.[3] Les opioïdes peuvent être extrêmement efficaces pour réduire la douleur, mais ils comportent également un risque de dépendance physique ou psychologique.
- Comme leur nom l'indique, les antidépresseurs sont un type de médicament couramment utilisé pour traiter la dépression. Cependant, ils peuvent aussi traiter efficacement la douleur. Les antidépresseurs agissent en augmentant les niveaux de certaines substances chimiques dans le cerveau, notamment la sérotonine et la norépinéphrine. On pense que ces substances chimiques jouent un rôle dans la perception de la douleur.
Traitements complémentaires pour la douleur chronique
Outre les médicaments, certains traitements non pharmaceutiques peuvent s'avérer efficaces pour soulager la douleur chronique. On peut mentionner entre autres l'acupuncture, le massage, le yoga et même certaines plantes médicinales.
- Acupuncture. L'acupuncture est un traitement qui consiste à insérer de fines aiguilles dans la peau à des endroits précis. Elle est fondée sur la croyance que cela peut contribuer à équilibrer l'énergie du corps et à améliorer le bien-être. Un examen des études a révélé que l'acupuncture peut être utile pour traiter différents types de douleur, notamment au cou et aux épaules, ainsi que la douleur due à l'arthrose.[4]
- Massage. La massothérapie consiste à manipuler les tissus mous du corps pour stimuler la circulation, détendre les muscles et soulager les tensions. D'après une recension des études, le massage peut atténuer différents types de douleur, notamment les maux de tête, la fibromyalgie, les douleurs cervicales et les douleurs lombaires.[5]
- Yoga. Le yoga est une forme d'exercice qui comprend divers étirements et exercices de respiration. Le mouvement et la respiration activent la réponse parasympathique du corps, qui est l'aspect « repos et digestion » de l'expérience humaine. La pratique du yoga stabilise la une pression artérielle, ralentit le rythme cardiaque, réduit la tension musculaire et modifie même le schéma des ondes cérébrales. Voilà pourquoi le yoga est si bénéfique pour le ressenti émotionnel et physique de la douleur.[6]
- Absolüt Arnica. Ce gel topique à base d'Arnica montana frais a fait l'objet de trois essais cliniques distincts sans aucun effet indésirable significatif, ce qui le rend plus sûr que certains anti-inflammatoires oraux. Comparé à un gel topique d'ibuprofène à 5 %, il s'est même révélé aussi efficace pour réduire la douleur associée à l'arthrose des mains.[7] Sa capacité de réduire la douleur associée à l'arthrose des genoux a également été vérifiée dans une autre étude.[8] On doit ces bienfaits à une forte concentration en lactones sesquiterpéniques, qui ralentissent la destruction du cartilage dans les articulations.[9]
Peut-on être proactif pour gérer la douleur?
Pour empêcher la douleur de s'installer dès le départ, le mouvement en tant que médicament est l'un de vos meilleurs alliés. Qu'il s'agisse du yoga comme nous l'avons mentionné plus haut ou bien du nettoyage de la maison, continuez simplement à bouger aussi souvent que vous le pouvez et partout où vous le pouvez. En 2014, une équipe de recherche a étudié l'impact des thérapies par le mouvement sur l'autogestion des symptômes de la douleur chronique. Ce type de douleur s'attaque aux gens sur plusieurs fronts, à la fois physiquement et émotionnellement. Il a été démontré que les thérapies par l'exercice soutenaient chaque aspect de l'expérience humaine de façon sécuritaire, efficace et, surtout, centrée sur le patient.[10]
Quand consulter un médecin à propos d'une douleur chronique
Si vous souffrez de douleurs chroniques, la première étape du chemin vers la guérison consiste à comprendre l'origine de ces douleurs. Cela implique la participation d'une équipe soignante multidisciplinaire, désireuse de vous amener à être la meilleure version de vous-même – en santé et sans douleur.
Référence
1. Machado, Gustavo C., et al. « Efficacy and safety of paracetamol for spinal pain and osteoarthritis: systematic review and meta-analysis of randomised placebo controlled trials. » BMJ 350 (2015).
2. Machado, Gustavo C., et al. « Non-steroidal anti-inflammatory drugs for spinal pain: a systematic review and meta-analysis. » Annals of the Rheumatic Diseases 76.7 (2017): 1269-1278.
3. Galligan, James J., et Hamid I. Akbarali. « Molecular physiology of enteric opioid receptors. » American Journal of Gastroenterology Supplements (Print) 2.1 (2014): 17.
4. Vickers, Andrew J., et al. « Acupuncture for chronic pain: update of an individual patient data meta-analysis. » The Journal of Pain 19.5 (2018): 455-474.
5. Miake-Lye, Isomi M., et al. « Massage for pain: an evidence map. » The Journal of Alternative and Complementary Medicine 25.5 (2019): 475-502.
6. Vallath, Nandini. « Perspectives on yoga inputs in the management of chronic pain. » Indian Journal of Palliative Care 16.1 (2010): 1.
7. Widrig, Reto, et al. « Choosing between NSAID and arnica for topical treatment of hand osteoarthritis in a randomised, double-blind study. » Rheumatology International 27.6 (2007): 585-591.
8. Knuesel, Otto, Michel Weber, et Andy Suter. « Arnica montana gel in osteoarthritis of the knee: an open, multicenter clinical trial. » Advances in Therapy 19.5 (2002): 209-218.
9. Wagner, Steffen, Andreas Suter, et Irmgard Merfort. « Skin penetration studies of Arnica preparations and of their sesquiterpene lactones. » Planta Medica 70.10 (2004): 897-903.
10. Lee, Courtney, Cindy Crawford, et Eric Schoomaker. « Movement therapies for the self-management of chronic pain symptoms. » Pain Medicin