Nous, pauvres humains, nous trainons avec mollesse et fatigue, tandis qu'autour de nous animaux et végétaux s'éveillent à nouveau et regorgent d'énergie: il ne s'agit pas d'une maladie (d'ailleurs vous n'avez pas besoin de médicaments) mais plutôt d'une phase d'adaptation. Il faut doucement préparer le corps à se sortir de la torpeur hivernale.
Manque d'oxygène
Pendant l'hiver, nous passons la plupart de nos journées à l'intérieur ou notre corps ne reçoit pas suffisamment d'oxygène. Le manque d'oxygène ralentit les fonctions organiques, avec pour conséquence des troubles de la circulation sanguine, une baisse des performances, des maux de tête. Les bâillements fréquents révèlent un manque d'oxygène; le corps nous enjoint à ouvrir grand la bouche dans le but de capter plus d'oxygène.
Une courte promenade chaque jour fournit au corps suffisamment de lumière et d'oxygène pour maintenir le moral sans bailler. Même lorsque le mercure dégringole ou qu'il fait mauvais, ça vaut la peine de sortir marcher.
À la merci du beau temps?
Les fameux caprices du temps n'arrangent rien. Les fluctuations de mars et avril demandent à nos vaisseaux de s'élargir dès qu'il fait chaud, et de se rétrécir lorsque la température baisse, soit une constante adaptation. Si cet ajustement ne s'opère pas assez rapidement, la circulation se dérègle et on ressent des vertiges et des faiblesses.
Dès que les jours rallongent et que le soleil se montre plus généreux, le biorythme se modifie. Des ajustements hormonaux se produisent dans notre corps et influencent aussi le métabolisme.
Le pouvoir des hormones
Les hormones contrôlent tous les processus essentiels du corps, tels le sommeil, le métabolisme, le bien être, l'énergie, la faim, la soif, la reproduction et la croissance. Lorsqu'au printemps les jours rallongent enfin et la lumière s'intensifie, les glandes thyroïde, pinéale et corticosurrénale travaillent à plein régime et accélèrent leur production d'hormones. Ainsi stimulé, l'organisme exécute son nettoyage printanier, renouvèle davantage de cellules et renforce les défenses affaiblies durant l'hiver. Les enfants et les adolescents grandissent plus vite durant cette période.
Le jour, la nuit, sérotonine et mélatonine
Lorsqu'on parle de fatigue du printemps, on évoque deux hormones en particulier : la sérotonine, « l'hormone du bonheur » et la mélatonine, dite « hormone du sommeil ».
La condition préalable à la formation de sérotonine est la présence de l'acide aminé tryptophane, que le corps humain ne fabrique pas, mais puise dans une alimentation riche en protéines. La sérotonine est un neurotransmetteur, une substance parmi tant d'autres qui transmet les informations d'une cellule nerveuse à l'autre. Elle intervient notamment dans le rythme éveil-sommeil, assure le bien-être et le sentiment de satisfaction et donne un élan dynamique. Le cerveau fabrique la sérotonine pendant la journée, à partir du tryptophane.
Dans l'obscurité et pendant la nuit, le corps transforme la sérotonine en mélatonine, laquelle commande le cycle éveil-sommeil de nombreuses fonctions organiques, et favorise le sommeil.
Au retour du printemps quand les jours s'allongent et que la lumière du soleil s'intensifie, le corps doit s'habituer à l'augmentation de la production de sérotonine et à la diminution simultanée de mélatonine. Conséquence : notre essor printanier n'arrive pas aussi rapidement que nous l'espérions. Lorsque le moteur interne s'essouffle, ralentissez et accordez-vous des pauses, jusqu'à ce que l'horloge intérieure ait retrouvé son rythme.
Les protéines à la rescousse
Selon une étude de l'Université de Georgetown, à Washington, les personnes fatiguées au printemps présentent souvent un faible taux de sérotonine. Mais n'allez pas croire que vous éviterez la carence en sérotonine parce que vous mangez beaucoup de viande. Certes, les aliments riches en protéines comme la viande, le poisson et les produits laitiers contiennent beaucoup de tryptophane. Cependant, d'autres éléments constitutifs des protéines peuvent bloquer le transport du tryptophane vers le cerveau. Cela entraine même fréquemment une baisse du taux de sérotonine.
Une astuce pour vous aider : consommer des aliments riches en glucides complexes. En effets, les glucides fournis par l'alimentation (amidon, sucre) créent les conditions préalables au transport optimal du tryptophane vers le cerveau. Pour que la sérotonine y parvienne et déclenche la bonne humeur, le taux de glycémie dans le sang doit s'élever. Cela n'est possible qu'en mangeant des glucides. Attention de bien choisir : les glucides complexes provenant de fruits et de grains entiers augmente la glycémie de façon graduelle et stable. Le sucre et produits de farine blanche provoquent des fluctuations glycémiques qui ne sont jamais favorables.
La clé est dans le ratio : mangez plus de glucides complets que de protéines au repas pour favoriser l'apport en tryptophane. Au contraire, si vous mangez plus de protéines par rapport au glucides, vous favorisez plutôt l'apport en tyrosine et donc en adrénaline (concentration, mémoire, reflexe de survie), ce qui n'est pas l'effet recherché.
Le mythe de la banane des gens heureux
On vous conseille bel et bien une ballade comme dans la chanson et non une banane. Dans la culture populaire, certains aliments sont reconnus comme « aliments du bonheur », parce qu'ils contiennent des traces de sérotonine dans leur chair (bananes, ananas, papayes, avocats, figues, dattes, raisins, pommes, prunes, noix et tomates). Ce serait formidable que cette sérotonine puisse nous fournir une dose de bonheur mais malheureusement, la sérotonine de source externe ne parvient pas jusqu'au cerveau, seul endroit où elle déploie son effet. La balade elle, a bien des effets positifs.
Les nutriments antifatigue
À la fin de l'hiver, les réserves en vitamines et en sels minéraux sont souvent à sec. Les déficits en fer, magnésium, sélénium, zinc, calcium et potassium, ainsi qu'en vitamines B, C et E sont fréquents. Cela rend non seulement l'organisme plus vulnérable aux maladies infectieuses et bactériennes, mais en plus les manques en vitamines ouvrent la porte aux troubles circulatoires, à la fatigue, à l'apathie et aux maux de tête. Par ailleurs, un déficit en vitamine B1 et B6 fait diminuer le taux de sérotonine dans le cerveau, conduisant à la mauvaise humeur et à une sensibilité accrue à la douleur. On trouve ces vitamines dans les suppléments à base de levure, le germe de blé et le blé entier.
L'idéal est de lutter contre la fatigue du printemps à l'aide d'une alimentation adéquate : les spécialistes recommandent des repas riches en vitamines et en sels minéraux, des céréales complètes (germes de blé), du fromage, du fromage blanc, du riz complet, des pommes de terre, des pâtes, beaucoup de fruits et de légumes.
Si l'on démarre sa journée avec un muesli, on se donne des ailes. Grâce aux précieux flocons de céréales, au yogourt (nature) et aux fruits frais, les réserves en vitamines et en sels minéraux se remplissent.
Dynamique contre l'apathie
Pour être en forme au printemps, il faut faire le plein d'énergie. Commencez dès le matin. En effet, bouger le matin permet d'éliminer les chagrins et les soucis ! Prenez le temps de vous réveiller. Tendez et étirez bras, les jambes et le dos en respirant profondément. Les mouvements soulagent et assouplissent les articulations. Vous stimulerez ainsi votre tension artérielle, avant même de sortir du lit.
Si vous êtes de ceux qui regardent les vigoureux joggeurs de l'aube avec horreur et incompréhension, sachez qu'ils ne sont pas complètement fous. Une fois que l'on commence à bouger, on se sent énergisé et heureux. Mais vous pourriez aussi vous décider à pratiquer tout simplement une petite gymnastique matinale fenêtre ouverte.