Imaginez la scène : par un bel après-midi d’automne, vous faites une promenade dans le voisinage. Chemin faisant, une odeur caractéristique parvient soudain jusqu’à vous par une fenêtre ouverte – les délicieux effluves d’une tarte aux pommes tout juste sortie du four. Vous voilà aussitôt transporté à l’époque (plus ou moins) lointaine de votre tendre enfance.
L’humain possède une incroyable capacité d’emmagasiner une multitude d’informations du genre au cours de sa vie. Tous ces souvenirs servent à d’innombrables fonctions. Ils contribuent entre autres à notre sécurité, en nous rappelant par exemple qu’il n’est pas souhaitable d’enfiler huit verres de tequila comme on le faisait à 20 ans.
Ils nous réconfortent en ravivant le souvenir d’une journée spéciale passée en compagnie d’un proche aujourd’hui disparu. Ils nous permettent aussi de perpétuer cette fameuse recette gardée jalousement par la famille... même si, une fois au supermarché, vous avez oublié quel ingrédient vous alliez chercher.
En présence d’un nouveau stimulus (une image, un son, une odeur), nos neurones se mettent immédiatement en action et détectent un afflux de « données ». Il s’agit d’un nombre incalculable d’empreintes fugaces que notre environnement laisse en nous jour après jour.
Notre cerveau retient momentanément ces bribes d’information afin de déterminer si elles sont dignes d’intérêt. Dans la négative, les données disparaissent rapidement, mais si elles méritent notre attention, elles sont dirigées vers notre mémoire à court terme.
La mémoire à court terme
Celle-ci a la capacité d’emmagasiner environ cinq à neuf éléments à la fois. Certains d’entre eux ne tarderont pas à disparaître alors que d’autres seront transférés dans notre mémoire à long terme. La mémoire à long terme possède une capacité de stockage quasi infinie, qui peut se subdiviser en catégories spécifiques.
Il y a tout d’abord la mémoire implicite ou non déclarative, impossible à décrire verbalement. Elle fait souvent référence à la mémoire procédurale, c’est-à-dire aux souvenirs d’habiletés motrices comme conduire une automobile, dribler un ballon de basketball ou nager.
À l’autre bout du spectre, il y a la mémoire explicite, qui englobe les souvenirs dont nous sommes conscients et que nous sommes capables de décrire. Dans cette catégorie, on retrouve la mémoire sémantique (les connaissances générales comme les règles, les faits, etc.) et la mémoire épisodique (les événements vécus personnellement).
La mémoire à long terme
La force de la mémoire à long terme s’explique par les changements physiques qui se produisent dans le cerveau, à mesure que de nouvelles connexions se forment entre les neurones et que les connexions existantes se renforcent. C’est ce qui permet d’ancrer les souvenirs de plus en plus profondément dans la mémoire.
Si certains souvenirs demeurent intacts jusqu’à la fin de la vie, d’autres peuvent aussi parfois sombrer dans l’oubli. En effet, certaines zones cérébrales associées à la mémoire, par exemple l’hippocampe, se détériorent avec l’âge.
Il faut par ailleurs savoir que l’activité neuronale produit elle aussi des déchets. Une équipe d’entretien se charge d’éliminer ces déchets et de transporter les neurones en lieu sûr à la fin de leur cycle de vie; il s’agit des cellules gliales.
Avec l’âge, celles-ci perdent de leur efficacité; peu à peu, le domaine sur lequel elles avaient coutume de régner devient à l’abandon. Les toxines, les déchets et les neurones morts s’accumulent, entraînant du même coup toute une série de problèmes. Les signaux sont brouillés, des régions entières du cerveau cessent parfois de fonctionner, la communication avec les neurones voisins est coupée... privées d’information, les cellules ont alors tendance à dépérir et finissent éventuellement par mourir.
L'exercice et les enfants
Personne n’ignore que l’exercice est extrêmement bénéfique pour l’organisme. Or, la pratique proactive de l’exercice durant l’enfance joue un rôle encore plus important pour retarder le déclin des facultés lié au vieillissement. Comme n’importe quel autre muscle, le cerveau a besoin de demeurer actif pour développer sa résistance. Les enfants qui sont actifs physiquement obtiennent de meilleurs résultats scolaires, maîtrisent mieux leurs comportements et ont davantage de mémoire.
Lorsqu’ils ont voulu comprendre pourquoi la mémoire des enfants actifs était beaucoup plus développée, les chercheurs ont observé que leur hippocampe était irrigué par une plus grande quantité de sang.
Faisons maintenant un petit voyage dans le temps, à l’époque de la construction des grandes pyramides de Gizeh. Dès le début de son règne, le pharaon avait mobilisé une quantité colossale d’ouvriers pour ériger les pyramides; des milliers d’années plus tard, ces merveilles du monde n’ont pas bronché. Par analogie, une solide fondation neurologique au début de la vie permettra aux structures qui soutiennent la mémoire de mieux résister à l’épreuve du temps.
Évidemment, il est impossible de revisiter notre enfance pour faire plus d’exercice – mais il existe assurément des moyens à prendre aujourd’hui afin de consolider nos facultés cérébrales: :
- Soulagez vos symptômes. La levure de boulangerie (Saccaromyces cerevisiae) est bénéfique pour la santé de l’intestin et de tout le corps en général. Mais elle se démarque surtout par ses effets anti-inflammatoires et antioxydants. En cas d’inflammation, le cerveau exerce une pression accrue sur le crâne, ce qui altère la fonction neurologique.
- Donnez un répit à votre cerveau! Le sommeil est essentiel à la santé du cerveau. Pendant la journée, lorsque vous êtes en pleine action, l’organisme exécute tellement de tâches en même temps qu’il est difficile pour lui de se concentrer sur une en particulier. Lorsque vous tombez dans les bras de Morphée, l’escouade d’entretien (les cellules gliales) s’emploie à faire le ménage du cerveau afin de permettre la formation de nouvelles connexions et l’évacuation des toxines. Parmi celles-ci, mentionnons notamment la protéine bêta-amyloïde, qui contribue à la formation de plaque dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
- Mangez de la cervelle… ou plutôt, nourrissez la vôtre. Mettons les choses au clair : rien ne prouve que la cervelle, mets raffiné s’il en est un, peut améliorer votre propre santé neurologique. Par contre, la consommation d’aliments à haute teneur en acides gras omégas-3, comme le poisson, ou la prise d’un supplément tel que VegOmega-3 ne pourront qu’améliorer votre mémoire.
Références:
https://www.apa.org/pi/aging/memory-and-aging.pdf
https://jamanetwork.com/journals/jamaneurology/fullarticle/778704
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3257658/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5156492/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5251302/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24722921
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28473761
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27918695
https://www.newscientist.com/article/2143827-childhood-exercise-may-protect-against-memory-loss-in-old-age/
https://www.nih.gov/news-events/nih-research-matters/how-sleep-clears-brain
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1878929315300773?via%3Dihub