Qu'est-ce qu'une crise d'angoisse et à quoi reconnaît-on qu'on est en train d'en faire une?
L'angoisse, qu'on pourrait décrire comme une forme exacerbée d'anxiété, est un état qui peut prendre différentes formes selon les individus. Elle survient habituellement par le biais de ce qu'on appelle un événement déclencheur; toutefois, l'évocation mentale d'un tel événement futur peut aussi faire naître à elle seule une anxiété d'anticipation. La personne éprouvera alors de l'inquiétude, de la détresse ou même un sentiment marqué de frayeur – en plus des symptômes physiques. Les crises d'angoisse peuvent en effet être accompagnées notamment de sueurs, de maux de tête, de nausées et de douleurs thoraciques.
Quelle est la différence entre une crise d'angoisse et une attaque de panique?
La principale différence entre les deux est que les attaques de panique sont officiellement reconnues dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), ce qui n'est pas le cas des crises d'angoisse. Le DSM-5 est un outil conçu pour aider les professionnels de la santé à identifier le trouble qui affecte leur patient et fournit un moyen de classification. Ce qui ne veut pas dire que les crises d'angoisse sont des manifestations anodines, loin de là. Le DSM ne cesse d'évoluer d'une version à l'autre, avec l'avancement des connaissances des professionnels de la santé et des chercheurs.
Les attaques de panique sont souvent considérées comme plus graves, car elles impliquent la peur de perdre la maîtrise de soi ou même de mourir. Elles peuvent aussi comporter un certain détachement par rapport à l'environnement extérieur ou même face au sujet lui-même. Certains sont d'avis que ce sentiment de détachement fait partie d'un mécanisme de défense sur le plan psychologique.
Finalement, une autre différence importante est que les crises d'angoisse peuvent se rattacher à un élément déclencheur ou à un stress, tandis que les attaques de panique peuvent se produire sans crier gare, en provoquant des symptômes aussi sévères que soudains.
Comment composer avec une crise d'angoisse?
La réponse est dans la question : souvent, le mieux à faire est de s'adapter à la situation présente par des interventions visant à calmer la réponse du système nerveux sympathique et à activer celle du système nerveux parasympathique. La première est familièrement appelée réaction de lutte ou de fuite, tandis que la seconde est rattachée au repos et à la digestion.
Une revue systématique menée en 2018 a montré que le fait de ralentir sa respiration mettait en branle ce mécanisme de repos et digestion, avait un effet relaxant et favorisait un état de bien-être et de confort. Diverses études sur l'imagerie du cerveau ont également révélé des modifications de l'activité neurologique correspondant à un état de détente. Le rythme respiratoire des personnes de plus de 8 ans se situe entre 12 et 20 respirations par minute; la recherche indique que réduire ce rythme à 9 ou 10 respirations par minute environ permet de gérer une crise d'angoisse.
Les bienfaits de la respiration en pleine conscience vont plus loin encore : la recherche montre en effet que ces respirations lentes ont encore plus d'impact lorsque les sujets s'efforcent de respirer avec le diaphragme. Vingt séances séparées de 15 minutes pendant une période de 8 semaines ont permis aux participants d'améliorer leur état d'esprit et leur niveau d'attention tout en réduisant le taux circulant de cortisol (la fameuse « hormone du stress »). Les participants à l'étude avaient reçu les instructions suivantes :
« ... inspirez aussi profondément que possible en gonflant l'abdomen, puis expirez aussi lentement que possible en contractant l'abdomen, à votre rythme. »
Certaines personnes gardent sur elles des huiles essentielles et des arômes pour leurs effets calmants. Un article paru dans The Mental Health Clinician fait la démonstration des propriétés anxiolytiques de l'huile essentielle de lavande, sans l'action sédative associée aux autres composés destinés à détendre le corps et l'esprit. L'étude relève également son impressionnant profil d'innocuité ainsi que son action plus rapide comparativement à bien d'autres agents utilisés en première ligne pour traiter l'anxiété, notamment les antidépresseurs.
Existe-t-il des moyens de prévenir de telles crises?
Le meilleur moyen de prévenir une crise consiste d'abord à identifier les déclencheurs. Certains perdent les pédales juste à l'idée de faire une présentation ou de parler devant la classe. Les thérapeutes et les professionnels de la santé utilisent parfois un procédé appelé désensibilisation graduelle ou systématique, qui consiste à amener la personne à surmonter progressivement les situations anxiogènes, étape par étape. Elle pourrait ainsi s'imaginer en train de prendre la parole devant un conseil d'administration puis faire l'exercice en tête-à-tête avec le thérapeute, pour graduellement se rapprocher du déclencheur réel.
À titre d'exemple, on a fait appel à la désensibilisation systématique auprès d'une cohorte de 236 étudiants de première année en pharmacie pour les aider à gérer l'anxiété liée aux examens. L'expérience a donné lieu à des améliorations notables au chapitre de la détresse psychologique et de la moyenne pondérée cumulative.
Des études indiquent également que plus on vit des événements stressants, plus on risque d'être enclin à l'anxiété. Par conséquent, le fait d'intervenir tôt dans la vie pourrait aider à développer la capacité d'adaptation à de tels événements et réduire le risque de crises d'angoisse.
Des plantes comme la passiflore (Passiflora incarnata) se sont avérées aussi efficaces que l'oxazépam, un médicament couramment prescrit contre l'anxiété. Les chercheurs sont très curieux de comprendre le mécanisme par lequel cette plante parvient à calmer l'esprit. La passiflore semble stimuler dans le cerveau les niveaux d'un neurotransmetteur inhibiteur du nom de GABA; les rouages de cette action restent toutefois à élucider.
Si vous sentez l'anxiété monter en vous, essayez de vous ramener à ce qui vous fait sentir plus à l'aise, et contactez votre médecin traitant au besoin pour investiguer davantage. Nous vous suggérons aussi de lire notre article intitulé C'est fou ce que l'exercice peut faire pour la santé mentale! afin de mieux comprendre les bienfaits de l'exercice clinique, entre autres pour les états anxieux.
Références:
https://www.ema.europa.eu/en/documents/herbal-report/final-assessment-report-passiflora-incarnata-l-herba_en.pdf
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11679026/
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