Quels sont les effets des cardiotoxines?
Ces substances agissent habituellement de manière à intensifier la force de contraction du cœur en modifiant l'équilibre électrolytique des cellules cardiaques. Leurs effets diffèrent selon qu'elles ont été absorbées en une dose unique (mais massive), provoquant une réaction aiguë, ou en quantité faible ou modérée durant une période prolongée, ce qui entraînera plutôt une réaction chronique.
- La toxicité aiguë se manifeste souvent par des réactions associées à un « empoisonnement », par exemple des nausées, des vomissements, de la diarrhée et une douleur abdominale. C'est que le système digestif tente par tous les moyens d'expulser la toxine de l'organisme le plus rapidement possible. On peut également éprouver des effets comme une faiblesse généralisée et de la somnolence, à mesure que les taux d'électrolytes diminuent et que le rythme cardiaque ralentit (phénomène appelé bradycardie sinusale). Il risque alors de s'ensuivre une perte de conscience, des palpitations, une enflure des extrémités inférieures (puisque le sang ne retourne pas au cœur assez rapidement) et une baisse de la tension artérielle.
- La toxicité chronique, quant à elle, fait souvent en sorte que le rythme cardiaque devient erratique et irrégulier, au point parfois de provoquer une fibrillation. Elle peut aussi entraîner une détérioration de la fonction rénale, des modifications au niveau de la vue et une déshydratation, ou interagir avec la métabolisation de certains médicaments.
À quel moment les effets deviennent-ils perceptibles?
Tout dépend de vous. On a malheureusement tendance à présumer que si une petite quantité est bénéfique, une grande quantité le sera encore plus! Hélas, dans le cas des cardiotoxines, le trop est l'ennemi du bien : l'accumulation de ces substances est en effet responsable de certains des effets décrits plus haut.
Quelles sont les principales cardiotoxines dont je devrais me méfier?
L'avènement de l'information instantanée nous a propulsés dans le monde de l'éphémère : on nous vante continuellement les mérites d'un nouveau produit (le « superaliment du mois ») que les chercheurs viennent tout à coup de découvrir et dont on ne saurait se passer... jusqu'à la prochaine trouvaille. Or, de tels produits, entre les mains d'un consommateur mal informé, peuvent fort bien laisser derrière eux des cardiotoxines indésirables (et invisibles). Par exemple, les plantes Convallaria majalis et Digitalis purpurea, que vous connaissez peut-être mieux sous le nom de muguet et de digitale pourpre, contiennent des glycosides cardiotoniques qui peuvent s'avérer dangereux si on n'y prend pas garde.
Fait intéressant à noter, un des médicaments les plus couramment utilisés contre l'insuffisance cardiaque congestive est la digoxine, une substance dérivée de la digitale pourpre. Les polluants atmosphériques peuvent aussi contenir des cardiotoxines; vous trouverez sur le Web des cartes géographiques indiquant les concentrations de polluants, par exemple le monoxyde de carbone provenant de l'échappement des voitures, ou encore d'autres gaz d'origine industrielle comme le dioxyde de soufre.
Les phtalates, qu'on trouve dans une foule de produits (couvre-planchers, revêtements muraux, bottes de caoutchouc, équipement automobile, etc.) constituent une autre source de cardiotoxines. La fameuse odeur de voiture neuve, tant prisée, résulte en fait de la libération insidieuse de composés volatils, dont plusieurs sont cardiotoxiques. Ce phénomène porte le nom de dégagement gazeux; des études animales ont démontré que ces gaz toxiques entraînent un remodelage cellulaire qui ralentit la régulation de la tension artérielle et augmente la réactivité des cellules cardiaques à la stimulation, ce qui peut présager un risque à long terme de maladie cardiovasculaire.
Se pourrait-il qu'il y ait des cardiotoxines dans ce que je mange?
Oui, c'est possible! Une autre source connue de cardiotoxines est le mercure, qui s'accumule souvent dans l'organisme des grands amateurs de poisson. Une intoxication au mercure peut entraîner une élévation de la tension artérielle, provoquer une arythmie cardiaque et faire grimper le risque de problèmes cardiovasculaires (crise cardiaque ou AVC, par exemple). Le poisson est un aliment qui possède de nombreuses vertus alimentaires, alors il n'est pas question de le bannir; toutefois, il est important de s'informer pour savoir quelles espèces présentent des concentrations élevées de mercure.
On note souvent une bioaccumulation du mercure en remontant dans la chaîne alimentaire, les plus gros prédateurs se nourrissant de plus petits poissons intoxiqués qui ont aussi fait de même. Les « vilains » comptent dans leurs rangs le requin, l'espadon et le tile, entre autres, tandis que le saumon s'en tire avec des taux plus faibles.
Comme dans toute chose, la modération est à conseiller – une darne de requin de temps à autre ne vous fera pas mourir, mais ce n'est pas une bonne idée que d'en manger trop souvent.
Voici donc, en bref, quelques sources de cardiotoxines à surveiller :
- Muguet (Convallaria majalis)
- Digitale pourpre (Digitalis purpurea)
- Polluants atmosphériques (monoxyde de carbone, dioxyde de soufre)
- Phtalates (plastiques, PVC, véhicules, revêtements de sol)
- Mercure (poisson)
Est-ce qu'il y a moyen de me protéger contre ces toxines?
En cas d'intoxication aiguë, on pourra avoir recours au charbon activé pour extraire de l'estomac les éléments indésirables. Toutefois, si on recherche une solution à plus long terme, on a intérêt à optimiser le fonctionnement des organes d'excrétion que sont le foie et les reins, pour faciliter l'élimination des toxines. Le chardon-marie (Silybum marianum) est une plante aux effets hépatoprotecteurs : il aide le foie à se défendre contre les éléments susceptibles de l'endommager et lui permet d'exercer sa fonction première, soit de détoxifier efficacement l'organisme.
On peut aussi faire un pas de plus en renforçant le cœur afin qu'il résiste mieux aux assauts constants (et parfois inévitables) des cardiotoxines. Les baies d'aubépine (Crataegus oxycantha) ont la propriété d'accroître la force et la fréquence de contraction du cœur, ce qui aide à neutraliser la bradycardie sinusale due à la cardiotoxicité. Ces petits fruits ont aussi la capacité de régulariser les rythmes cardiaques anormaux, un enjeu crucial pour la gestion de la fonction cardiovasculaire, à court comme à long terme. Songez à inclure quelques-unes de ces bienfaisantes baies dans votre menu quotidien en prenant Santé du cœur, non sans avoir consulté un professionnel de la santé au préalable.
Devrais-je commencer tout de suite à me construire un bunker pour me cacher du reste du monde?
Jamais de la vie! Mais dites-vous quand même qu'une personne avertie en vaut deux. Si vous ne savez trop que penser des articles qu'on peut lire à droite et à gauche, interdisant de faire ceci ou prônant de faire cela, consultez un professionnel de la santé qui pourra vous aider à faire la part des choses dans toute cette masse d'information.
Références:
https://www.bmj.com/content/362/bmj.k3310
https://www.canada.ca/en/health-canada/services/food-nutrition/food-safety/chemical-contaminants/environmental-contaminants/mercury/mercury-fish.html
https://www.fda.gov/food/foodborneillnesscontaminants/metals/ucm115644.htm
https://heart.bmj.com/content/94/11/1503
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3018290/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3440133/
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https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28842438 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29982507
https://www.onlinecjc.ca/article/S0828-282X(15)01374-4/pdf